1) Qu’est-ce qu’une obligation ?
Dans cet article, vous allez comprendre comment investir dans des obligations. Vous serez en mesure de comprendre leur fonctionnement et de déterminer si oui ou non cette classe d’actifs est faite pour vous.
Les obligations sont une classe d’actifs qui permet à un investisseur de consentir à une entreprise ou à un Etat un prêt à un taux et à une durée connus dès le départ. En contrepartie de ce prêt, vous recevrez une rémunération régulière appelée le coupon. En général, le coupon est annuel à un taux d’intérêt fixe ou variable. A l’échéance du prêt vous récupérez en théorie votre mise de départ, sauf dans le cas d’une faillite de l’émetteur.
Généralement, il est difficile pour un particulier d’intervenir sur des obligations, c’est plutôt le lot des institutionnels qui peuvent investir plusieurs centaines ou millions d’euros.
Pour les particuliers, il existe deux autres moyens de s’exposer au marché des obligations : en passant par une approche passive en sélectionnant un ou plusieurs trackers aussi appelés ETF ou par des placements collectifs comme les fonds et les SICAV et FCP. Ces placements peuvent être investis dans un compte-titres (rarement dans un PEA, c’est possible mais il faut chercher, voir la partie 6 de l’article), dans un contrat d’assurance vie en unités de compte ou encore dans le cadre de l’épargne salariale.
Contrairement aux actions ou la théorie moderne du portefeuille s’applique (il est quasiment impossible de battre le marché), la gestion obligataire active peut présenter une intérêt pour l’investisseur. Certains gestionnaires d’actifs arrivent a tirer leur épingle du jeu et à dégager de la performance régulière.

Une obligation représente une partie d’un emprunt émis sur les marchés financiers. L’émetteur peut être un Etat, une collectivité locale ou une entreprise. La rémunération d’une obligation dépend du risque présenté par l’émetteur : plus il est élevé, plus la rémunération est importante.
Il existe trois grandes agences de notation qui émettent leur avis sur les emprunts émis, a savoir Moody’s, S&P et Fitch. Ces noms ne vous sont peut être pas inconnus car les agences de notation ont joué un rôle non négligeable dans le krach boursier, ou crise des subprimes de 2007-2008. Les agences de notation avaient surnoté volontairement des assemblages de prêts comme étant « très surs » alors qu’en réalité ils étaient extrêmement risqués. On considère que les émetteurs classés dans la deuxième partie du tableau ci-dessous comme des investissements spéculatifs. Plus on descend dans le tableau, plus le rendement demandé à l’emprunteur est élevé et plus le risque de défaut sur l’emprunt est important. La notion de risque et de rendement vont naturellement ensemble.

Bien que les obligations délivrent un coupon fixe à travers le temps, la valeur de l’obligation (sa valeur liquidative) varie elle aussi au gré des marchés financiers et surtout des taux d’intérêt. Même si les obligations les mieux notées ont une faible probabilité de faire défaut, il existe un risque de perte financière pour les souscripteurs.
Si, sans attendre son échéance vous revendez votre obligation à un moment où les taux d’intérêt sont supérieurs à ce qu’ils étaient au moment de l’achat, vous allez générer une moins-value. A l’inverse, une revente anticipée alors que les taux d’intérêt ont baissé génère une plus-value. Pour ne pas avoir de risque de perte, il faut choisir une obligation dont la durée correspond à la période pendant laquelle vous n’aurez pas besoin de cet argent.
Il existe donc une relation inverse entre les taux d’intérêts et la valeur des obligations. En effet, quand les taux d’intérêt montent, les nouvelles obligations sont émises avec des coupons supérieurs à ceux des anciennes. La valeur de ces dernières se met donc à baisser puisque les investisseurs les vendent pour acheter celles qui rapportent un plus gros rendement. On parle de risque de taux.

Les obligations sont des actifs très intéressants à intégrer dans une stratégie car en plus d’offrir une source de rendements passifs, ils permettent de réduire le risque global en apportant une diversification efficace. Nous reviendrons dessus plus bas, mais les obligations ont historiquement (même si ce n’est plus trop le cas à court terme du fait de la politique monétaire) une corrélation négative avec les actions. En d’autre termes, statistiquement quand les actions perdent de la valeur les obligations en gagnent. C’est cette notion qui a fait tout le succès des stratégies All Weather de Ray Dalio ou du portefeuille « 60/40 » de John Bogle.

2) Quelle performance pour les obligations ?
La performance des obligations est intimement liée aux évolutions des politiques monétaires des banques centrales. Nous allons dans un premier temps parler des obligations d’états car il s’agit du marché le plus important et le plus liquide. Pour vous donner une idée, les échanges quotidiens dépassent les 10 000 milliards de dollars par jour.
Quelle performance pour les obligations d'Etats ?
Il est à noter qu’il existe plusieurs sous marchés au sein du marché obligataire souverain. Afin de simplifier le commentaire de la performance, je vais me limiter aux emprunts des Etats-Unis sur une période de 10 ans (ce sont les obligations les plus regardées), sur une période de 20 ans et sur des obligations à 10 ans indexées sur l’inflation (aussi appelées TIPS).

Comme nous l’avons vu, il y a deux modes de rémunération sur les obligations. En détenant l’obligation jusqu’à son terme, dans ce cas le risque de perte en capital est nul si l’emprunteur ne fait pas défaut. Dans le cas d’un pays comme les Etats-Unis, un défaut est improbable. C’est pourquoi le 10 ans américain est considéré comme une valeur refuge. La remontée des taux d’intérêts directeurs par la FED (Réserve fédérale des États-Unis) cause des mouvements importants sur tous les marchés (devises, actions…) car les investisseurs veulent tous acheter les nouvelles obligations émises et qui proposent un rendement supérieur. La courbe du 10 ans américain nous montre que si l’on achète aujourd’hui une obligation US, nous aurions 3.1% de coupon annuel garanti sur les 10 années qui viennent.
Malheureusement, comme nous l’avons vu il est difficile pour un particulier de s’exposer à ce marché en achetant directement des obligations. L’alternative est de passer par des fonds obligataires (gestion active) ou par des ETF (gestion passive) répliquant la performance d’indices obligataires. Il faut bien comprendre que dans le cas où vous n’investissez pas en direct, vous ne toucherez pas de coupon (a moins de choisir un fonds distribuant). Le plus souvent dans ces types de produits financiers, les coupons sont capitalisés, c’est à dire réinvesti directement dans la valeur du fonds. Vous le touchez donc indirectement, mais il ne faut pas s’attendre à avoir un flux de cash arrivant sur votre compte titres ou dans votre assurance-vie.
Avant d’acheter des obligations, il est important d’avoir en tête une autre particularité. Les obligations d’état détenues dans les portefeuilles des fonds ne vous sont pas remboursées. Dans le cas ou une obligation arrive à échéance dans le portefeuille de la société de gestion, la valeur nominale de l’obligation est remboursée et le gérant du fonds réinvesti l’argent à votre place. Vous ne récupérez donc jamais votre investissement initial, à moins de revendre votre fonds.
Venons en à la performance des obligations. Je vais ici observer la performance d’ETF répliquant les obligations du trésor américain à 10 ans, les obligations du trésor américain à long terme (avec une maturité supérieure à 20 ans) et les TIPS 10 ans, des obligations américaines dont la performance est reliée à l’inflation (qui joue un rôle de protection contre l’inflation).


Ce que l’on constate c’est que sur 20 ans, le taux de rendement des ETF sur obligations a été plus qu’honorable avec une performance annualisée supérieure à 4% et même plus de 5% pour l’ETF long terme, le plus risqué. Ce rendement s’est fait au prix d’une volatilité relativement faible (cf : Stdev, ou standard deviation), entre 6% et 11% en comparaison des ETF sur actions qui ont une volatilité annuelle supérieure à 15%. Autre donnée intéressante, on constate que le pire mouvement baissier (max drawdown) n’est que de -15% pour les ETF à 10 ans et de -29% pour l’ETF long terme à plus de 20 ans. A comparer avec les actions pour qui le mouvement baissier le plus important était de -50%.
Surtout le point d’intérêt principal des obligation est leur corrélation négative que l’on voit sur le tableau avec le marché action. Cette corrélation inverse permet d’avoir statistiquement une hausse des obligations quand le marché des actions baisse. C’est toute la puissance des stratégies que vous trouverez sur ce blog.

C’est cette logique que nous retrouvons dans le graphique ci-dessus. Il arrive souvent, comme c’est le cas en 1973, dans les années 2000 et en 2008 que les obligations aient une performance positive alors même que le marché action subit un krach de plusieurs dizaines de pourcents.

Quelle est la performance des obligations d'entreprise ?
Le marché de la dette d’entreprise ou dette corporate est aussi colossale. Comme pour la dette d’état, il est difficile pour un particulier d’accéder directement à ce type de placement. Cependant il existe une grande variété d’OPCVM (ETF, SICAV, FCP) qui permettent de s’exposer aux performances de la dette d’entreprise.
Tout comme l’emprunt bancaire, l’introduction en bourse et l’augmentation de capital, les entreprises peuvent se financer directement auprès des marchés financiers avec l’émission d’obligations. L’avantage principal est une source de cash rapide et directe, peu onéreuse (pour les entreprises avec une bonne qualité de signature) et la diversification de ses sources de financement. Les emprunts obligataires peuvent être à taux fixe ou à taux variable et leur valeur est également sensible à la hausse des taux directeurs. Comme pour les obligations d’état, ce sont des placements avec une forte liquidité. A noter il existe aussi des obligations convertibles en actions mais nous n’aborderons pas le sujet dans cet article.
Le marché de la dette privée est en constante progression, il a plus que triplé en 20 ans. Au pic en 2020, il représentait aux Etats-Unis plus de 3000 milliards de dollars.

Comme pour les obligations d’états, nous allons analyser les performances des obligations d’entreprises à partir de trois ETF reflétant trois marchés et trois types d’investissement différents. En utilisant des ETF nous raisonnons en terme de classe d’actifs mais comme nous l’avons évoqué il est également possible de s’exposer à ce marché en investissant dans des fonds d’obligations actifs (nous y reviendrons plus bas).
Pour réaliser la comparaison, nous allons utiliser les ETF suivants :
- Corporate bonds – ticker VTC (Vanguard Total Corporate Bond) qui permet de s’exposer de manière globale aux obligations d’entreprises, qu’importe leur maturité (environ 12 ans de maturité moyenne) et ayant le statut d’investment-grade (voir le tableau plus haut).
- Long terme corporate bonds – ticker VCLT (Vanguard Long-Term corporate Bond) qui permet de s’exposer de manière globale aux obligations d’entreprises ayant une maturité moyen long-terme (environ 23 ans de maturité moyenne) et ayant le statut d’investment-grade (voir le tableau plus haut).
- High-Yield Corporate Bond – ticker VWEHX (Vanguard High-Yield Corporate) qui permet de s’exposer de manière globale aux obligations d’entreprises ayant une qualité moyenne à faible (partie basse du tableau de notation). La maturité moyenne des obligations détenues est de 6 ans.


On constate que les performances des ETF sur les emprunts obligataires d’entreprises ont une très légère surperformance par rapport aux ETF d’obligations souveraines. Cette surperformance se fait au dépit d’une volatilité qui est globalement plus importante avec des pertes maximales qui sont elles aussi plus importantes (presque 30% sur les obligations à haut rendement). Cependant ce n’est pas une classe d’actifs à mettre à la poubelle car elle dispose d’une propriété intéressante : une corrélation faible mais positive au marché des actions, là ou les obligations d’états avaient une corrélation négative. En somme, les obligations d’entreprises peuvent trouver leur place dans un portefeuille déjà bien diversifié.

Pour conclure sur les performances, on constate dans l’histogramme ci-dessus que les obligations d’état et les obligations corporate jouent un rôle de diversification assez différent. Combiner ces différentes option peut offrir une amélioration du ratio rendement risque de votre portefeuille.
3) Comment bien choisir ses obligations (maturité, duration et sensibilité)
Avant d’investir sur des obligations, il est nécessaire de bien interpréter les caractéristiques des différents produits auxquels vous souhaitez souscrire. Il faut évidement lire le prospectus, faire attention à la capitalisation du fonds (c’est à dire favoriser un AUM élevé), les types d’obligations investies, le taux de coupon moyen produit par le fonds et évidement les frais de gestion.
Avant d’aborder les caractéristiques propres des fonds de valeurs mobilières, petit rappel sur les frais de gestion.
Les différents OPC (organismes de placement collectif) facturent des frais de gestion afin de se rémunérer. Les supports présentant les frais les plus bas sont les ETF mais certains gérants actifs peuvent facturer des frais d’entrée (parfois allant jusqu’à 5%), des frais de gestion récurrents de 1% à 2% par an et parfois comme si ça ne suffisait pas des frais de surperformance si le gérant parvient à battre son indice de référence. Ce qui à première vue ne représente rien fait une énorme différence sur le long terme.
Une étude réalisée par VANGUARD démontre la chose suivante sur 25 ans :
- Avec des frais de gestion annuels de 2% par an
- Avec une performance annualisée de 6% par an
Les frais de gestion de 2% auront détruit 50% de votre performance. Autrement dit, ces 50% ne font pas dans votre poche mais dans celle de votre banquier.
C’est votre argent et vous avez pris tous les risques sur votre argent. Le gérant n’a pris aucun risque et pourtant il récupère 50% de votre performance ! Voilà un exemple de ce qu’il faut éviter en terme de frais. Vous pouvez facilement comparer les frais de vos placements avec une plateforme comme Quantalys ou en connectant vos placements à la plateforme Finary (application agrégateur de patrimoine fantastique).

A titre de comparaison, voilà ci-dessous les frais attachés à l’ETF VTC (Vanguard Total Corporate Bond) de Vanguard que nous avons utilisé pour notre comparatif plus haut. Admettez que la différence de frais est frappante..

Le DICI (document d’information clé pour l’investisseur) doit obligatoirement être émis par le gestionnaire du fonds. Vous pouvez les retrouver facilement sur internet, si vous passez par un gestionnaire de patrimoine pour vos placements il est obligé de vous présenter ce document. N’oubliez pas de l’étudier attentivement avant tout investissement.
A présent nous allons voir comment sélectionner un fonds qui correspond réellement à vos besoin et à vos envies, avant toute souscription. Il y a plusieurs facteurs qui vous donnent une indication précise sur la composition du fonds et comment il va se comporter en fonction de l’évolution des taux d’intérêts.
- Le rendement à maturité qui correspond au taux de rendement qu’un investisseur recevrait si un titre était détenu jusqu’à sa date d’échéance.
- Le coupon moyen qui correspond au rendement moyen des obligations dans le portefeuille du fonds.
- Le maturité moyenne qui correspond aux durées moyennes des obligations en portefeuille. Dans l’exemple ci-dessous, le gérant a souscrit à des obligations ayant une durée de vie moyenne de 11,5 années.
- La duration est différente de la maturité. Elle mesure le temps moyen pondéré jusqu’au paiement des coupons et au remboursement du nominal. Elle fourni également un estimation de l’amplitude de variation du prix de l’obligation pour une variation du taux de rendement de 1%.

Les premiers éléments sont des informations sur la composition du fonds. Dans le cas de l’ETF ci-dessus on voit qu’il est très bien diversifié avec plus de 7000 obligations différentes. Il est intéressant d’aller regarder quelles sont les obligations détenues par le fonds. Vous trouverez toutes ces informations sur le site internet de l’émetteur.

On voit que l’ETF est bien diversifié, mais très focalisé sur des obligations d’entreprises américaines, à majorité d’entreprises du secteur des biens industriels et financière (donc une allocation très cyclique) de qualité moyenne à supérieure. La maturité moyenne du fonds est de 11 ans. La question que vous devez vous poser : seriez-vous à l’aise avec cette composition ?
La duration est un indicateur différent car il nous indique la sensibilité du fonds à l’évolution des taux d’intérêt. Cette mesure n’est pas nécessairement la plus précise mais elle permet une mesure approximative de la sensibilité des prix des obligations et des fonds communs de placement obligataires aux fluctuations des taux d’intérêt.
Par exemple, si une obligation a une duration de 2 ans, son prix baisserait d’environ 2% lorsque les taux d’intérêt augmenteraient de 1 point de pourcentage. A l’inverse, la valeur du fonds augmenterait d’environ 2% si les taux d’intérêt baissaient de 1%. Dans notre exemple avec l’ETF VTC, on constate que l’obligation est très sensible aux taux d’intérêt. Si on anticipe une hausse des taux, il vaudrait mieux éviter de s’exposer à ce type de produit.


Comme on le voit sur les deux éléments ci-dessus, on constate que le taux des FED Funds ont augmenté de 2% depuis le début de l’année 2022. C’est pourquoi la valeur de l’ETF VTC a baissé d’environ 14% depuis le début de 2022. Avec une duration de 7.7 années, on peut retrouver approximativement la perte du fonds en faisant 7.7 * 2 = 15.4%, contre une perte réelle de 14.2% sur le fonds . La mesure de la duration n’est pas d’une précision maximale mais il permet d’avoir une estimation de la sensibilité du fonds aux taux d’intérêts.
A noter, il existe des mesures plus précise des obligations à la variation des taux d’intérêts. La duration donne une mesure plutôt approximative de l’impact instantané d’une variation des taux d’intérêt sur le prix de d’une obligation. Certes, plus la duration est grande, plus l’impact sur le titre le sera. Cependant, elle ne tient pas compte dans son calcul de la forme de la courbe des taux, ni de ses déformations, ni de sa dynamique. Cet article n’a pas l’objectif de rentrer dans ce niveau de technique mais vous pourrez approfondir sur deux thématiques complémentaires de la duration en vous renseignant sur la mesure de la sensibilité et de la convexité d’une obligation.
4) Quel cycle économique est favorable aux obligations ?
Comme nous l’avons évoqué à de nombreuses reprises, le cours des obligations a une relation inverse à l’évolution du taux. Les investisseurs obligataires sont également à risque sur le risque de crédit porté par l’entreprise qui a émis ses obligations.
Comme d’habitude, je vais reprendre la théorie de Ray Dalio que j’ai eu le temps de développer dans l’article qui était consacré à son portefeuille et à sa méthodologie d’investissement.
Sa théorie est que l’économie est composée de quatre saisons qui sont bien distinctes. Ces quatre saisons économiques font bouger les différentes classes d’actifs. L’objectif de Ray Dalio est de proposer un portefeuille suffisamment équilibré entre plusieurs classes d’actifs pour performer et résister à chaque saison.

Ce tableau nous montre quels actifs performent dans chacune des 4 saisons économiques :
- Croissance de l’économie – Actions, matières premières, obligations corporate, obligations de pays émergents.
- Récession ou baisse de la croissance de l’économie – Obligations d’états sûres (US principalement), obligations indexées sur l’inflation.
- Inflation – Obligations indexées sur l’inflation (TIPS), matières premières, obligations de pays émergents.
- Faible inflation ou déflation – Actions et obligations sûres.
Essayons de prendre un exemple concret avec le début de l’année 2022. Nous vivons en ce moment une inflation historique (entre 6% et 10% en fonction des payes) avec un ralentissement significatif de la croissance économique. Comment les différentes classes d’actifs se sont comportées depuis le début de l’année ?


On constate que ce qui était attendu par la théorie des saisons économiques de Ray Dalio s’est produit. Nous vivons un contexte assez exceptionnel de relèvement des taux des banques centrales après des années de taux à 0% voir négatif, l’impact sur le prix des obligations est donc démultiplié. Comme prévu, les matières premières se sont envolées de plus de 30% depuis le début de l’année après des années de faible performance (il n’y avait presque pas d’inflation).
Les obligations sûres ou les obligations indexées sur l’inflation ont moins été affectées par l’environnement économique bien que leur baisse est plutôt spectaculaire. Au contraire, tous les actifs qui réagissent favorablement à un environnement de croissance et de faible inflation subissent un début d’année très compliqué.
Pour conclure, nous pouvons établir que les différents types d’obligations réagissent très différemment aux différents cycles économiques :
- Les obligations d’Etats sûres (10 ans US) – Favorable à une faible inflation et à un ralentissement ou croissance négative.
- Les obligations d’Etats indexées sur l’inflation – Favorable ou résistant à l’inflation et à une faible croissance.
- Les obligations de pays émergents – Favorable à la croissance économique et à une forte inflation (attention ces obligations sont plus risquées que les autres).
- Les obligations d’entreprises – Favorable à la croissance économique.
Avec ces éléments en tête on peut déterminer les placements en obligations les plus intéressants du moment. Si on suit les indication plus haut, il serait aujourd’hui (2022) intéressant d’investir sur des obligations indexées à l’inflation car elles cochent les deux cases de l’inflation et de la faible croissance économique. C’est d’ailleurs le parti pris des investisseurs institutionnels.
5) Comment diversifier votre portefeuille avec des obligations ?
Nous venons de le voir, les obligations réagissent différemment en fonction de l’évolution des taux d’intérêts et du cycle économique. Les autres classes d’actifs comme les actions, les matières premières, les SCPI ou bien l’or ne réagissent pas de la même manière et surtout ne réagissent pas ensemble.
Je vais reprendre les mots de Ray Dalio, « il est impossible de prédire la direction des marchés« . C’est pourquoi il est impératif que votre allocation d’actifs soit stratégique et qui suppose que vous ne savez pas ce que l’avenir nous réserve. Chaque décision d’investissement doit être examinée par rapport à la composition de votre portefeuille de manière à ne pas déséquilibrer le rapport entre l’espérance de rendement et le risque.
Le meilleur moyen de réussir à bien diversifier votre portefeuille est d’associer des classes d’actifs avec une bonne espérance de rendement (pour les obligations nous avons vu que nous pouvons espérer en moyenne entre 4% et 5% de rendement annuel) avec une faible corrélation avec les autres classes d’actifs. Ce dernier élément est primordial car c’est ce qui vous permettra de survivre à long terme sur les marchés financiers.
Qu’est-ce que la corrélation entre deux actifs financiers ? – La réponse est simple, c’est le fait que deux actifs financiers vont statistiquement bouger (ou pas) dans la même direction en même temps.

La clé d’un portefeuille bien diversifié est donc d’associer des actifs qui ont une faible corrélation entre eux. Comme nous le voyons dans la table de corrélation ci-dessus, on voit que :
- Les obligations d’Etats ont une corrélation nulle avec les actions (9%), une faible corrélation avec l’or (35%), une forte corrélation avec les obligations d’entreprise (82%) , une forte corrélation avec avec les TIPS (78%).
- Les obligations d’entreprises ont une corrélation moyenne avec les actions (36%), une faible corrélation avec l’or (25%), une forte corrélation avec les obligations d’Etats (82%) , une bonne corrélation avec avec les TIPS (67%).
- Les obligations indexées à l’inflation ont une corrélation faible avec les actions (22%), une corrélation moyenne avec l’or (44%), une forte corrélation avec les obligations d’Etats (78%) , une bonne corrélation avec avec les obligations d’entreprises (67%).
Avec ces éléments en tête, vous pouvez choisir de vous constituer vous même un portefeuille d’actifs décorrélés qui pourra répondre à vos attentes en terme de rapport rendement risque. Vous pouvez aussi faire le choix d’utiliser, et c’est ce que je recommande, de reproduire les stratégies des meilleurs gérants. Vous trouverez sur ce blog une compilation des stratégies les plus utilisées et qui ont fait leurs preuves sur plusieurs dizaines d’années.
Répliquer le portefeuille de Ray Dalio – Risque 2/5
Répliquer le portefeuille de John Bogle – Risque 3/5
Répliquer le portefeuille de David Swensen – Risque 4/5
Répliquer le portefeuille de Warren Buffet – Risque 5/5
6) Quels sont les meilleurs fonds pour Investir dans des obligations ?
Dans cette partie du blog, je vais vous faire quelques propositions sur des fonds qui à mon sens font parti de ce qu’il se fait de mieux. Ce n’est pas une recommandation d’investissement. Avant d’exposer mes choix, quelques mots sur la méthodologie que j’ai utilisé pour ma sélection. Pour effectuer mes recherches et mes comparatifs, j’ai utilisé Quantalys qui est un comparateur gratuit de fonds avec une base de donnée énorme.

En suivant mon lien, vous vous retrouverez sur cette interface. Utilisez la recherche avancée pour affiner vos critère.
Dans les sélections qui vont suivre, j’ai classé par les fonds en deux parties : OPCVM et ETF. Pour chaque enveloppe d’investissement, c’est à dire en CTO (compte titre ordinaire), en assurance-vie et en PEA, j’ai essayé de trouver le meilleur fonds de chaque catégories d’obligations qui ont été présentées sur cet article. A noter le SRRI affiché sous les fonds correspond à au niveau de risque du fonds. C’est un indicateur qui est encadré par l’AMF (l’autorité des marchés financiers).
Quels sont les meilleurs fonds obligataires en CTO (compte titre ordinaire) ?
Dans l’enveloppe du CTO, la fiscalité est maximale vous devrez payer sur vos gains le PFU (prélèvement forfaitaire unique) à hauteur de 30%, décomposé comme suit :
- 12.8% au titre de l’impôt sur le revenu
- 17.2% au titre des prélèvements sociaux
A noter, les moins values qui ont déjà été constatées sur le CTO peuvent être utilisées dans votre déclaration d’impôts pour venir en déduction de vos plus-values pendant une durée de 10 ans. Le compte titre est l’enveloppe qui vous proposera le plus de produit car quasiment aucune restriction ne s’applique ici.
Les meilleurs fonds obligataires indexés sur l'inflation en CTO (compte titre ordinaire)
A mon sens, le meilleur ETF permettant de s’exposer aux obligations indexées sur l’inflation, ou TIPS est l’ETF Lyxor US$ 10Y Inflation Exp ETF Acc EUR. Il dispose d’un encours relativement important (350M€), des frais de gestion faibles, d’une volatilité contenue et d’un ratio de Sharpe de 0.94 sur 5 ans. Il est 100% investi dans des TIPS avec une maturité de 8.6 années.


Dans la catégorie TIPS en gestion active, j’ai sélectionné le fond du gestionnaire Capital At Work CapitalAtWork Inflation at Work C pour la qualité et la régularité de sa gestion. Les frais sont « acceptables » par rapport à la moyenne du secteur. La volatilité est ici très contenue et le ratio de Sharpe particulièrement élevé, ce qui en fait un très bon choix pour un investissement long terme rentable et à faible volatilité.


Les meilleurs fonds d'obligations d'Etats en CTO (compte titre ordinaire)
Dans cette catégorie, en ETF, j’ai choisi d’utiliser l’ETF Lyxor US Treasury 7-10Y ETF – Dis qui réplique la performance du 10 ans américain. La particularité de ce fonds est qu’il est distribuant (et non capitalisant) ce qui permet d’avoir un revenu passif en dollars ce qui peut être intéressant si vous recherchez ce type de produit. L’USD étant une valeur refuge et les obligations US également, combiner les deux facteurs peut faire sens au sein d’une stratégie. Ici les frais de gestion sont pratiquement inexistants mais la volatilité est relativement importante (presque 10% avec une duration de 8 années). C’est donc un produit très sensible aux évolution du marché des taux, donc à utiliser avec précautions.


Dans la catégorie obligations d’états et gestion active, j’ai choisi le fonds de Black Rock BlackRock Fixed Inc Glb Opp D2 pour sa faible volatilité et son excellent ratio de Sharpe. La régularité de sa performance et son excellente diversification en font un très bon choix. Petit bémol tout de même sur les frais d’entrée de 5%, il faut le considérer comme un placement à long terme.


Les meilleurs fonds d'obligations d'entreprises en CTO (compte titre ordinaire)
Il n’y a pas réellement d’ETF intéressant couvrant cette thématique, c’est pourquoi je vais faire deux propositions de SICAV pour les obligations d’entreprises.
J’ai choisi le fonds de la société de gestion Candriam Candriam GF US HY Corp Bonds I EUR C pour la régularité des performance, la volatilité relativement contenue et les frais gestion faibles.


Autre SICAV d’intérêt, celle de MSIM Fund Management avec son produit MSIF Global Asset Backed Sec Z EUR qui propose un gestion à faible coût avec une volatilité contenue sur des obligations mondiales.


Quels sont les meilleurs fonds obligataires en Assurance-vie ?
Il y a autant de possibilités qu’il y a d’assurances vie. Plutôt que vous donner ma sélection de fonds, je vais plutôt vous donner une méthodologie afin de trouver les fonds qui correspondront le mieux à vos attentes et à votre assurance vie.
Si vous n’avez pas déjà une assurance vie, je peux vous recommander de vous tourner vers Linxea qui propose une offre de fonds très fournie et surtout, des frais de gestion du contrat qui sont les plus bas du marché. Si l’offre de Linxea vous intéresse, vous pouvez passer par mon lien de parrainage qui vous fera gagner 50€ si vous souscrivez à un contrat.
Petit rappel sur les différents avantages de l’assurance vie, le traitement des plus-values et coupons bénéficient d’une fiscalité qui est extrêmement avantageuse. Depuis la réforme fiscale de 2018, les nouveaux versement dans votre contrat d’assurance vie seront imposés au prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30% dans le cas ou le contrat à moins de 8 ans.
Au delà de 8 ans, la fiscalité des rachats (sorties de liquidités du contrat) peuvent continuer à bénéficier du taux forfaitaire de 7,5% (pour les gains provenant de versements inférieurs à 150 000€, au delà c’est le PFU qui est de mise).
Dans tous les cas, après 8 ans, vous profitez d’un abattement de 4600€ pour un célibataire et 9200€ pour un couple. L’imposition est donc beaucoup moins lourde qu’un achat de fonds en direct à travers un CTO (compte-titre ordinaire). Cet abattement peut vous permettre de grandement diminuer l’impact de la fiscalité des coupons si vous recherchez un revenu passif avec une source obligataire.
Autre point non négligeable, vous êtes dans le cadre de l’assurance vie. Tant que vous ne faites pas de retrait du contrat il n’y a pas de fiscalité. Cela permet de réinvestir 100% des coupons perçus dans d’autres projets d’investissement et donc de profiter de la puissance des intérêts composés au sein du contrat d’assurance-vie.
Pour trouver les meilleurs fonds pour votre assurance vie, vous pouvez utiliser le comparateur Quantalys qui est gratuit. Il suffira d’indiquer votre ou vos assurances vie dans le filtre montré ci-dessous.

Dans mon cas, avec Linxea, le comparateur me propose plus de 100 fonds obligataires. En général mon critère de recherche pour trouver les meilleurs fonds est de regarder l’onglet des ratios à 5 ans, de filtrer sur le ratio de Sharpe pour prendre les fonds les plus performants en terme de rapport rendement / risques et de regarder les frais du fonds afin de les diminuer au maximum.(voir onglet des Frais).

Quels sont les meilleurs fonds obligataires en PEA ?
Il est possible d’investir dans des fonds obligataires à travers un PEA. Cependant, les fonds sont rares et les thématiques plutôt limitées, il n’y a à se jour que 3 fonds disponibles et ils ne sont pas excellents. C’est pourquoi pour moi la partie obligataire d’un portefeuille doit se concentrer dans une assurance vie pour profiter de la fiscalité avantageuse et d’un choix plus vaste de supports.

Le seul fonds qui pourrait convenir à un PEA est l’ETF d’Amundi (anciennement Lyxor) Lyxor PEA Obligations État Euro ETF -Acc, qui contient un ensemble d’obligations d’Etats Européens avec une maturité moyenne de 9 ans. Cependant, le contexte actuel des taux dans la zone Euro (forte inflation, taux d’intérêt faibles) me pousserait plutôt à vous déconseiller ce type de fonds d’autant qu’il n’a que 8M€ d’actifs sous gestion (AUM). La duration modifiée est élevée, supérieure à 7. La BCE (banque centrale européenne) devra certainement durcir sa politique monétaire pour combattre l’inflation galopante en relevant ses taux directeurs, ce qui pourrait être très dommageable pour ce type de fonds.

